Le procès Ntaganda reprend, un témoin raconte les pillages des combattants de l’UPC

Après une pause d’un mois, le procès de Bosco Ntaganda reprend aujourd’hui devant la Cour pénale internationale (CPI) avec le témoignage d’une personne qui a décrit des pillages généralisés qui auraient été commis par des soldats appartenant à la milice dans laquelle M. Ntaganda était chef adjoint de l’état-major.

Le témoin, qui déposait sous le pseudonyme de témoin P185, a raconté les pillages perpétrés par des soldats de l’Union des patriotes congolais (UPC) dans plusieurs localités situées en République démocratique du Congo (RDC) lors du conflit de 2002-2003. Il a déclaré que les soldats avaient volés les civils et avaient « tout »pillé également dans un centre de santé de la ville de Sayo.

Selon le témoin P815, l’UPC était composée de soldats issus du groupe ethnique Hema et leur hostilité visait des membres d’autres groupes, en particulier les Lendu.

Il a indiqué que les soldats de l’UPC demandaient souvent aux civils quel était le groupe ethnique auquel ils appartenaient. Les personnes qui n’étaient pas en mesure de parler des langues non Lendu d’un groupe ethnique neutre, comme l’alur, « courraient le risque d’être blessées ».

Lors de sa comparution, le témoin a également décrit les habitants fuyant les diverses villes lorsqu’elles devenaient occupées par l’UPC. Le témoin P815 et sa famille ont fui leur ville natale pendant trois mois lors de son occupation par l’UPC. Dans la plupart des villes dans lesquelles il a cherché à se réfugier, il a assisté à des pillages perpétrés par les troupes. Dans certaines villes, il a entendu dire que ces soldats commettaient des viols.

Le substitut du procureur Diane Luping a demandé au témoin s’il avait assisté à des crimes.

« Ce que j’ai vu de mes propres yeux, ce sont les pillages. Pour ce qui est des autres actes, je ne les ai pas vu moi-même », a répondu le témoin. Il a ajouté : « Ce que j’ai entendu dire, c’est que des filles des villages avaient été violées. J’en ai entendu parler mais je ne l’ai pas vu ».

Le témoin P815 comparaissait avec des mesures de protection telles que la déformation numérique de la voix et du visage. Il est la 15e personne à être appelée par les procureurs pour témoigner contre M. Ntaganda devant la CPI. Les procureurs soutiennent que les troupes de l’UPC ont perpétré des crimes à l’encontre des civils en Ituri, une région du Congo, et en particulier contre ceux appartenant à l’ethnie Lendu.

Ntaganda est jugé pour des crimes dont le meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le transfert forcé de population, le déplacement de civils, les attaques contre des biens protégés, le pillage, la destruction de biens et l’utilisation d’enfants soldats.

Les audiences du procès se poursuivront demain avec la suite de la déposition du témoin P815.