Les procureurs remettent en cause la déposition d’un témoin selon laquelle les troupes de M. Ntaganda n’auraient commis aucune atrocité

L’accusation a contesté le récit d’un ancien combattant de l’Union des patriotes congolais (UPC) de Bosco Ntaganda qui a déclaré que les membres de la milice n’avaient commis aucune atrocité lors des attaques perpétrées en 2002 sur des villages habités par des membres du groupe ethnique Lendu.

Lors du contre-interrogatoire du témoin D017, l’avocat de première instance Diane Luping a lu des extraits de trois documents détaillant des viols, des pillages et des meurtres qui auraient été commis par des combattants de l’UPC dans les localités de Zumbe et de Kamande. Les documents comprennent un rapport de l’ancienne Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) qui dénonce les meurtres de 120 civils perpétrés par des combattants de l’UPC à Zumbe les 15-16 octobre 2002.

L’UPC, dans lequel M. Ntaganda a été chef adjoint de l’état-major, était composé principalement de troupes issues du groupe ethnique Hema. L’accusation soutient que M. Ntaganda et ses troupes ont commis différents crimes de guerre et crimes contre l’humanité, principalement contre les civils Lendu.

Un rapport distinct publié en 2003 par l’organisme de défense des droits de l’homme des Nations unies indique que lors de l’attaque des 15-16 octobre 2002 sur Zumbe et les villages environnants, l’UPC a tué près de 180 civils avec des fusils, des machettes et des lances et avaient violé au moins 50 femmes , mutilant plusieurs civils, volant 1 500 têtes de bétail et incendiant 500 maisons.

Le troisième document lu par Me Luping a été écrit par des membres de la communauté Lendu et porte le bilan à 250 civils à la suite des attaques perpétrées autour de Zumbe. Le rapport, qui a été écrit sur le groupe rebelle connu à l’époque sous le nom de Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani (RCD-K), indique que 62 civils ont été blessés. Il accuse également les combattants de l’UPC d’avoir incendié deux centres de santé, six écoles, quatre églises et 83 bicyclettes.

Me Luping a présenté ces documents puisqu’elle conteste le témoignage du témoin D017 selon lequel l’UPC n’a commis aucun crime lorsqu’il a attaqué des villages ayant une population à dominante Lendu. « Dans les trois rapports, il est fait mention de civils tués, de femmes violées, de bâtiments détruits et de pillages à large échelle. N’est-ce pas ce qui s’est passé et pas du tout ce vous avez décrit à la chambre ? », a demandé Me Luping.

Le témoin a répondu : « Je raconte ce dont j’ai été témoin ». Il a également déclaré que bien que les rapports indiquaient que les soldats ougandais combattaient aux côtés de l’UPC dans les attaques mentionnées par le substitut du procureur, il n’avait jamais combattu en personne aux côtés des ougandais.

Bien qu’il ait insisté sur le fait que les pillages et les autres crimes à l’encontre des civils étaient proscrits au sein de l’UPC, le témoin D017 a affirmé que, dans un cas, les biens que les combattants de l’UPC avaient volé avaient été confisqué par les commandants et détruits à la vue de tous les soldats de leur groupe. « Lorsqu’il y avait une opération, les soldats n’étaient pas autorisé à piller », a-t-il indiqué. « C’est pourquoi cette mesure a été prise », a-t-il ajouté, faisant référence à la confiscation et la destruction publique des biens volés.

Lorsque Me Luping a suggéré que les combattants de l’UPC avaient volé de la nourriture pendant une opération spécifique car ils n’allaient pas se battre en emportant des rations sèches, le témoin a répondu que, dans ce cas particulier, les troupes étaient en mesure de se déplacer pour une attaque en utilisant des véhicules et de revenir à leur base le même jour. Il a ajouté : « Il n’y avait pas de pillage de nourriture. Pour quelle raison un soldat volerait-il de la nourriture ? Pour en faire quoi ?

Le témoin D017 est la neuvième personne à témoigner pour la défense de M. Ntaganda. Plus tôt cette semaine, il a témoigné que l’UPC avait rejeté les recrues mineures et que le groupe « interdisait strictement » les relations sexuelles entre les recrues féminines et masculines ainsi qu’entre recrues et instructeurs.

Le témoin a conclu son témoignage et les audiences devraient se poursuivre le lundi 4 décembre avec la comparution d’un autre témoin de la défense.