Les chefs des rebelles congolais ont donné des armes aux civils et leur ont dit de piller les « villes ennemies »

Un témoin a déclaré aujourd’hui que les commandants rebelles présents dans l’est du Congo avaient fourni des armes aux civils et les avaient encouragé à piller les villes qui étaient majoritairement peuplées par des groupes ethniques rivaux.

Le témoin P907, un ancien combattant de l’Union des patriotes congolais (UPC), a indiqué que les commandants de la milice avaient donné des instructions aux civils du groupe ethnique Hema pour qu’ils pillent « tous les biens de grande valeur » dans les villes vaincues. Toutefois, les civils avaient souvent dépassé les ordres en prenant part aux combats et en commettant des meurtres.

« Certains civils ont participé aux combats. Certains pénétraient dans les maisons, pillaient et même tuaient les gens présents dans les maisons », a indiqué l’ancien membre lors de son témoignage à charge dans le procès Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI).

Il a précisé que les civils agissaient comme des appuis aux troupes de l’UPC lors des opérations qui se sont déroulées dans la ville de Mongbwalu qui a été attaquée à trois reprises en 2002 et 2003. « Lorsque nous attaquions, les civils venaient avec leurs machettes et leurs lances pour épauler et soutenir les soldats », a précisé le témoin P907.

Ces civils ne relevaient pas des structures de commandement militaire du groupe. Cependant, par le biais de communications orales, on leur a indiqué de suivre les soldats et de « tout » piller dans les maisons et magasins de la ville assiégée.

« Chaque fois que nous avons attaqué, nous devions tout piller. Les civils devaient nous aider à porter les biens tels que les véhicules, les matelas, les télévisions, les radios et les meubles », a déclaré le témoin P907.

Il a indiqué que les civils avaient des instructions pour avancer derrière les troupes et avaient l’ordre de donner aux soldats tous les biens de « grande valeur » qu’ils avaient saisi. Le témoin a précisé que c’est lors de ces campagnes de pillage que ces civils alliés de l’UPC s’étaient introduits dans les maisons, avaient pillé et avaient commis des meurtres.

Le témoin a déclaré que les commandants de l’UPC n’avaient pris aucune mesure pour contrôler les civils. « C’est le contraire qui s’est produit. Les commandants ont demandé à la population civile de venir et de piller. Ils ont indiqué aux civils les villes qu’ils pouvaient piller », a-t-il précisé.

Il a déclaré que certains soldats avaient deux ou trois armes et que, « de temps en temps, ils donnaient [des armes] aux civils ».

Ntaganda est jugé devant la CPI pour 18 charges, 15 chefs de crimes de guerre et 3 chefs de crimes contre l’humanité. Les crimes présumés auraient été commis lorsqu’il exerçait ses fonctions de chef adjoint de l’état-major de l’UPC entre 2002 et 2003. À l’époque, le groupe figurait parmi plusieurs milices impliquées dans un conflit ethnique dans la province congolaise d’Ituri.

Aujourd’hui, lorsqu’il s’est présenté à la barre pour la première fois, le témoin P907 a témoigné que les recrues du groupe comprenaient des enfants âgés de 10 ou 12 ans. Il a également indiqué que les commandants avaient violé certains recrues féminines tandis que d’autres avaient pris des femmes du personnel militaire en tant qu’épouses. Le témoin apporte sa déposition avec des mesures de protection.

Le témoin P907 poursuivra sa déposition jeudi 28 avril.