L’ancien membre déclare que des commandants de l’UPC ont violé des femmes soldats

Selon le témoignage de l’ancien membre de l’UPC, les commandants de la milice de Bosco Ntaganda ont violé des recrues féminines tandis que d’autres ont pris pour épouses des militaires femmes.

Témoignant au procès Ntaganda devant la Cour pénale internationale (CPI) sous le pseudonyme de témoin P907, l’ancien combattant de l’Union des patriotes congolais (UPC) a déclaré qu’une des femmes soldats violées était « jeune » alors que les autres étaient plus « vieilles ». Il a donné les détails de ces viols, notamment le nom des femmes soldats violées, à huis clos.

Le témoin a indiqué, en séance publique, que certaines femmes du personnel militaire (couramment appelées PMF) « avaient été “transformées” en femmes de commandant ». Il a mentionné un commandant qui avait pris une PMF en tant que seconde épouse et deux autres commandants qui s’étaient disputés pour une PMF, ce qui avait entraîné son transfert dans une autre unité.

Interrogé par le substitut du procureur Eric Iverson pour savoir si les PMF étaient traitées différemment des hommes soldats, le témoin a précisé « qu’il n’y avait pas de distinction » et que tous les soldats devaient respecter le même code militaire. « Quand il s’agissait de se battre, tout le monde y allait. La punition était la même. Ils étaient tous traités de la même manière », a-t-il déclaré.

Le témoin P907 a également indiqué que parmi les « milliers » de recrues du camp d’entraînement du groupe à Mandro figuraient des enfants, dont certains semblaient avoir 10 ou 12 ans, qui suivaient les mêmes exercices d’entraînement que les adultes. Il a précisé que les enfants rejoignaient la milice parce qu’il n’avait aucun refuge pendant le conflit et qu’ils ne pouvaient localiser leurs parents.

Selon le témoin, certaines jeunes recrues étaient parties se battre avant d’avoir terminé leur entraînement. « S’il y avait une attaque ennemie, on y allait avant d’avoir fini l’entraînement », a-t-il indiqué.

Interrogé pour savoir comment les plus jeunes enfants parvenaient à résister à cette formation épuisante, le témoin a répondu : « Si vous tentiez de fuir, on vous avertissait que vous seriez abattu. Ils arrivaient à supporter l’entraînement. Le port des bottes et de l’uniforme militaire posait problème. Les armes étaient lourdes, les uniformes étaient larges ».

Après l’entraînement, certains enfants étaient devenus gardes du corps des hauts commandants du groupe tandis que d’autres étaient partis combattre.

Hormis l’utilisation d’un pseudonyme, le témoin P907 apportait sa déposition avec une déformation numérique de la voix et du visage lors des transmissions publiques de son témoignage afin de protéger son identité. Les juges ont également accordé au témoin P907 l’assurance de ne pas s’auto-incriminer lors de son témoignage.

Il est la 18ème personne à témoigner au procès de M. Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major de l’UPC qui est jugé pour 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment le viol, l’esclavage sexuel et l’utilisation d’enfants soldats. Les crimes auraient été commis par M. Ntaganda et ses soldats en 2002 et 2003 en République démocratique du Congo.

Dans son témoignage d’aujourd’hui, le témoin P907 a également décrit M. Ntaganda comme étant le « plus haut gradé » qui recevait « tous les rapports » concernant le camp d’entraînement. Il a déclaré que l’accusé avait parfois visité Mandro pour suivre le progrès des recrues et présidait également aux remises de diplômes.

Les recrues s’adressaient à M. Ntaganda en l’appelant « Afande » ou « Mzee », des mots swahili désignant respectivement un commandant et un homme âgé respecté. Entretemps, des officiers du camp, notamment des instructeurs, avaient appelé M. Ntaganda « Tango Romeo », a indiqué l’ancien membre de la milice.

Il a ajouté que M. Ntaganda présidait toutes les opérations militaires, comme la planification stratégique des munitions et des soldats. « Il était la personne responsable, personne d’autre. Vous ne pouviez aller à la guerre sans son accord », a affirmé le témoin.

L’accusation poursuivra le contre-interrogatoire du témoin P907 demain matin.