L’ancien membre de l’UPC déclare que M. Ntaganda avait des gardes du corps âgés de 12 à 14 ans

Un ancien membre de l’Union des patriotes congolais (UPC) a déclaré que l’ancien chef adjoint de l’état-major Bosco Ntaganda avait des gardes du corps âgés de 12 à 14 ans. « Certains d’entre eux avaient 12, 13, 14, 15 [ans] et quelques uns avaient 18 ans », a affirmé l’ancien membre, lors de son témoignage apporté vendredi devant la Cour pénale internationale (CPI).

Interrogé par le substitut du procureur pour savoir comment il pouvait donner un âge à ces enfants, l’ancien membre, qui témoignait sous le pseudonyme de témoin P030, a répondu qu’il estimait l’âge des enfants en se basant sur leur apparence physique. « Un enfant est un enfant. Vous pouvez déterminer l’âge d’une personne juste en la regardant ».

Le témoin P030 a affirmé que, lors du conflit ethnique de 2002-2003 au Congo, il se rendait à la résidence du chef de l’UPC, Thomas Lubanga, au moins trois fois par semaine. C’est là qu’il voyait souvent M. Ntaganda, auquel il rendait visite régulièrement. Le témoin a indiqué s’être rendu quelques fois à la résidence de M. Ntaganda mais il n’a pas précisé en séance publique quelle était la nature de son travail au sein de l’UPC. Le témoin a déclaré que les gardes du corps mineurs de M. Ntaganda portaient des uniformes militaires de l’UPC et avaient des armes.

Ntaganda est jugé pour cinq chefs de crimes de guerre et pour treize chefs de crimes contre l’humanité, qui comprennent le viol, l’esclavage sexuel, l’enrôlement et la conscription d’enfants soldats âgés de moins de 15 ans ainsi que leur utilisation pour participer activement à des hostilités. M. Lubanga, la première personne condamnée devant la CPI, purge une peine de 14 ans de prison pour avoir utilisé des enfants soldats alors qu’il était commandant en chef de l’UPC.

Le témoin P030 a témoigné antérieurement devant la CPI. Les juges ont admis aujourd’hui en tant qu’élément de preuve son témoignage préalablement enregistré en vertu de la règle 68(3) du Règlement de procédure et de preuve de la Cour. La règle prévoit que si un témoin qui a apporté un témoignage déjà enregistré se présente devant un tribunal, les juges peuvent autoriser la présentation du témoignage enregistré si le témoin ne s’y oppose pas et si le procureur, la défense et les juges ont la possibilité d’interroger le témoin.

Dans son témoignage, dont des extraits ont été lus devant la Cour par l’accusation, le témoin P030 a déclaré que les gardes du corps de M. Ntaganda et du chef d’état-major Floribert Kisembo avaient « des âges différents, certains avaient 13 ans, d’autres 15 et certains étaient plus âgés ».

Entretemps, plus tôt dans la journée, M. Ntaganda a informé les juges qu’il était heureux d’avoir pu rencontrer sa femme qui lui a rendu visite à La Haye pendant huit jours. « Je tenais à vous remercier car ces derniers temps ont été très difficiles. Le temps que j’ai passé avec ma femme m’a permis de recouvrer la santé et de suivre le procès dans de meilleures conditions », a déclaré M. Ntaganda, qui lisait un texte et parlait en Kinyarwanda. « Je pense que je pourrais mieux gérer ma défense ».

Le 21 septembre, M. Ntaganda a mis fin à sa grève de la faim de 14 ans et à son boycott du procès après que les fonctionnaires de la Cour aient pris des dispositions pour que sa femme puisse lui rendre visite pendant huit jours dans des conditions qu’il a jugé acceptables. La grève de la faim avait été provoquée par une ordonnance rendue par les juges de maintenir les restrictions sur ses communications et contacts.

En réponse au discours de ce matin prononcé par M. Ntaganda, le juge président Robert Fremr a déclaré que la grève de la faim n’avait eu aucune influence sur la décision de la chambre d’assouplir les conditions dans lesquelles la visite s’était déroulée. « Nous avons essayé et trouvé une manière de fonctionner qui respecte le cadre légal de la CPI », a-t-il indiqué sans plus de détails.

Les audiences du procès se poursuivront lundi 3 octobre.