Lors de son témoignage apporté devant la CPI, M. Ntaganda nie avoir tué un prêtre

L’accusé de crimes de guerre Bosco Ntaganda a nié les accusations selon lesquelles il avait tué un prêtre il y a 15 ans dans la ville congolaise de Mongbwalu. Témoignant pour sa propre défense devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien commandant rebelle a déclaré qu’il n’avait appris le décès du prêtre qu’après qu’il se soit rendu à la Cour basée à La Haye en mars 2013.

« Lorsque vous dîtes que vous ne savez rien au sujet de [l’Abbé Boniface] Bwanalonga, est-ce exact ? », a demandé l’avocat de la défense Stéphane Bourgon, faisant référence au prêtre qui, selon les affirmations des procureurs, aurait été tué par M. Ntaganda.

« Oui, je ne sais rien à ce sujet », a répondu M. Ntaganda, ajoutant qu’il avait eu connaissance de la mort du prêtre lorsqu’il examinait des documents non précisés après son arrivée à la CPI.

Mercredi, en audience, les avocats de la défense ont lu des extraits d’une interview que M. Ntaganda avait donné à une responsable de Human Rights Watch, Anneke Van Woudenberg, à une date non mentionnée en audience, dans laquelle il nie avoir été à Mongbwalu lors d’une attaque de novembre 2002 de la ville dans laquelle le prêtre avait été tué. Confirmant ce qu’il avait déclaré dans l’interview donnée à Mme Van Woudenberg, M. Ntaganda a affirmé qu’il était arrivé dans la ville trois jours après l’attaque et qu’il ne savait pas qui était M. Bwanalonga.

Lors du conflit ethnique qui s’est déroulé dans le district de l’Ituri, au Congo, en 2002-2003, Mme Van Woudenberg avait mené des missions sur le terrain, des interviews avec des victimes de violence sexuelle ainsi que des réunions avec des chefs rebelles dont Thomas Lubanga et M. Ntaganda. En juin dernier, ses rapports de recherche, notes d’interview et photographies ont été admis en tant qu’éléments de preuve au procès Ntaganda.

Les procureurs soutiennent que M. Ntaganda a abattu en personne M. Bwanalonga, qui était prêtre à Mongbwalu. Ils affirment que le meurtre a eu lieu à l’époque où l’Union des patriotes congolais (UPC) était impliqué dans un conflit ethnique qui se déroulait en Ituri. M. Ntaganda, qui était le chef adjoint de l’état-major du groupe, est jugé devant la CPI pour de nombreux crimes, notamment le meurtre, le viol, le pillage et l’utilisation d’enfants soldats. M. Lubanga, l’ancien commandant en chef du groupe, purge une peine de 14 ans de prison à la suite de sa condamnation pour enrôlement, conscription et utilisation d’enfants soldats lors d’hostilités. Il a plaidé non coupable pour l’ensemble des 18 chefs d’accusation retenus à son encontre.

Mercredi, M. Ntaganda, qui témoigne depuis le 14 juin, nie également avoir connaissance de présumées attaques contre des civils par des troupes de l’UPC dans différentes villes en février et mars 2003.

« Vous avez entendu un certain nombre de témoins apporter des descriptions d’événements qui se sont déroulés à Kobu, Bambu et Lipri de février à mars 2003. Que saviez-vous avant d’arriver à La Haye en mars 2013 ? », a demandé Me Bourgon.

« J’ai suivi les informations sur ce sujet dans la presse. À part cela, je ne savais rien des attaques menées sur Kobu, Bambu et Lipri », a répondu M. Ntaganda.

Mardi, M. Ntaganda a témoigné que la discipline était strictement appliquée au sein des troupes de l’UPC. Lors de l’interrogatoire mené par Me Bourgon sur les journaux de communication relatifs à l’exécution de deux soldats de l’UPC par un peloton, M. Ntaganda a déclaré que les deux soldats avaient tué des civils et que les exécutions avaient été publiques « afin de montrer que ces actes étaient contraires à l’idéologie de l’UPC ».

De plus, il a affirmé que chaque bataillon, brigade et secteur au sein de la milice de l’UPC avait un conseil de discipline responsable du maintien de la discipline. Il a donné le nom de plusieurs officiers qui, selon lui, avaient été punis pour indiscipline.

Interrogé par Me Bourgon pour savoir si quelqu’un avait porté à son attention un crime ou un acte d’indiscipline qu’il n’avait pas puni, M. Ntaganda avait répondu, « Non, cela n’aurait pas été possible ». Il a indiqué qu’aucun acte d’indiscipline n’est resté impuni même si l’auteur était quelqu’un de proche.

L’accusation commencera son contre-interrogatoire de M. Ntaganda jeudi matin.