M. Ntaganda déclare avoir puni les soldats qui attaquaient les civils

Dans la suite de son témoignage apporté devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien chef rebelle Bosco Ntaganda a affirmé qu’il avait imposé une discipline au sein des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) et avait puni tout combattant qui avait attaqué des civils.

« Si un soldat avait attaqué la population civile et que cette information était portée à mon attention, ce soldat était puni », a déclaré M. Ntaganda. Il répondait à une question posée par le substitut du procureur Nicole Samson au sujet des attaques présumées menées par la milice FPLC sur les membres du groupe ethnique Lendu.

Interrogé par Me Samson pour savoir s’il avait fait enquêter sur les attaques à motivation ethnique, M. Ntaganda a déclaré que les FPLC apportaient leur protection à tous les groupes ethniques du district congolais de l’Ituri et qu’il n’y avait eu aucune campagne contre les civils de l’ethnie Lendu.

« Lors de mes fonctions de commandant des FPLC et, conformément à notre idéologie, je n’ai jamais entendu parler de cas impliquant les FPLC dans des attaques contre la population », a t-il indiqué. Il a ensuite expliqué que lorsqu’il avait entendu parler de ce type d’incidents, il avait appliqué des châtiments. « Vous pouvez vérifier dans mon journal. Lorsque j’ai appris que ces évènements s’étaient produits, je suis intervenu rapidement  », a t-il ajouté.

M. Ntaganda est accusé de crimes qui auraient été commis par lui-même et par ses troupes lors du conflit ethnique qui s’est déroulé au Congo de 2002 à 2003. Il est jugé pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, notamment le viol, l’esclavage sexuel de civils, le pillage, le déplacement de civils, l’attaque de biens protégés et l’enrôlement et la conscription d’enfants soldats de moins de 15 ans.

Depuis le début de son témoignage en juin dernier, M. Ntaganda a déclaré qu’il était un pacificateur et qu’il appliquait une discipline stricte, affirmant qu’il avait combattu des groupes armés qui perpétuaient une discrimination et des attaques à l’encontre de membres des groupes ethniques Tutsi et Hema.

Mercredi, M. Ntaganda, en évoquant les plaintes relatives à la sécurité ainsi que les rapports sur les attaques menées par les FPLC sur les habitants de l’Ituri, M. Ntaganda a affirmé que, « Lorsque j’en ai été informé, je me devais d’agir. J’ai pris cette question très au sérieux ».

Me Samson a présenté des rapports qui auraient été rédigés en novembre 2002 par Eric Mbabazi, le commandant des FPLC chargé des relations entre civils et militaires. Les rapports citaient des plaintes d’habitants de l’Ituri concernant les attaques menées par les miliciens. Interrogé pour savoir s’il avait eu connaissance des rapports de M. Mbabazi, M. Ntaganda a répondu que les rapports étaient destinés à son chef, Floribert Kisembo, qui était le chef d’état-major des FPLC.

Il a ensuite déclaré que M. Kisembo n’avait pas discuté de ces rapports avec lui. « Si le chef du Bureau G5 [Mbabazi] m’en avait donné une copie, peut-être aurais-je pu en débattre avec M. Kisembo. Mais si le rapport n’avait été donné qu’à M. Kisembo, il n’avait aucune obligation d’en parler avec moi », a-t-il ajouté.

Me Samson a soutenu jeudi que puisque les FPLC n’avaient pas payé les salaires de ses combattants, un système dans lequel les soldats et les commandants s’emparaient de l’argent et des biens des civils pour « se payer » était toléré. Cependant, M. Ntaganda, citant deux exemples, a déclaré que tout combattant des FPLC qui prenait les biens de civils était emprisonné et puni. « Nous n’avons eu qu’un seul cas, isolé, mais nous avons puni les auteurs », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi, on ne peut dire que les gradés avaient donné des instructions à leurs hommes pour qu’ils se payent eux-mêmes ».

L’accusation poursuivra le contre-interrogatoire de M. Ntaganda lundi.